Deuxième étape : Lançon

10 août 1914 Par Albert Vigon 1
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Nous partons, à peine reposés par une nuit de sommeil dans une grange, pour Lançon à 28 km. Il faudra passer en vue de l’étang de Berre par les plaines de la Crau.

Journée inoubliable, car j’ai souffert de la soif d’une façon atroce.

Route excessivement dure, soleil brûlant. Pas un seul arbre, ni une goutte d’eau. Impossible de trouver une auberge où se désalterer.

Aussi à peine partis, les hommes commencent à tomber fou le long du chemin, dans chaque buisson je retrouve cinq ou six trainards assoiffés.

Je fais le parcours en m’arrêtant presque à chaque 500 mètres, en compagnie de Dutto, et en mouillant mes lèvres à chaque instant avec du Picon ou du Pernod qu’il avait dans sa musette !

Enfin après bien du courage j’arrive à Lançon à 4 heures de l’après-midi, et naturellement chacun arrive comme il peut, car sur 250 hommes de la compagnie une centaine à peine ont pu suivre le capitaine et arriver avec lui.

Les difficultés commencent pour la nourriture. Impossible d’acheter quoi que ce soit, les restaurants sont fermés, les boulangers font à peine du pain pour la population, et il est passé tant de troupes depuis le début de la mobilisation qu’il ne reste rien à prendre.

Je suis obligé de voir à l’escouade s’il y a moyen de dîner. Mais comme il reste à beaucoup quelques provisions dans la musette personne ou presque ne s’occupe de la cuisine. Comme moi d’ailleurs, beaucoup comptaient faire comme en manœuvre, c’est-à-dire manger chez l’habitant.

Je me rends compte cependant que malgré toute la bonne volonté de la population de ce petit village, qui nous fut très accueillante, il est impossible de préparer à manger pour chacun.

Je me dévoue donc pour faire la cuisine puisque personne ne veut s’en occuper, et après avoir encouragé quelques camarades de l’escouade on se décide à aller toucher des vivres et me voilà mes marmites. Nous dînons très bien. Je me propose de continuer à faire la cuisine de l’escouade dorénavant, car s’il n’est pas agréable de cuisiner à l’arrivée à l’étape, pendant que les autres se baladent, du moins je serai sûr de pouvoir manger convenablement.

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Commentaires

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  • Rémi

    25 août 2014 Reply
    1

    L’escouade n’est pas une unité de manœuvre. 14 ou 15 soldats, groupés sous le commandement d’un caporal, forment une escouade. Cette quinzaine d’hommes forme surtout une petite famille pour le couchage, les distributions, la cuisine et la nourriture.