Le 42 a attaqué cette nuit

17 novembre 1914 Par Albert Vigon 0

Carte Adèle 9. Lettre Adèle 9. C Blanchi 9

Le 42 a attaqué cette nuit et ce matin les casernes et les tranchées allemandes avec succès.

Le bombardement d’hier continue avec une violence inouïe, nous recevons marmites sur marmites dans nos terriers. Un seul mort, à la cuisine de la 19.

Toujours le même ennui pour les vivres, route absolument impraticable à cause de la boue qui maintenant arrive par endroits jusqu’aux mollets. Nous sommes obligés de passer à travers bois et comme il n’y a ni sentier ni route il faut se frayer un passage parmi les buissons. On sort de là le visage et les mains égratignés.

Aujourd’hui, assez beau temps mais en revanche il fait excessivement froid, j’ai les pieds mouillés et pleins de boue et avec ce froid, la souffrance est horrible dès que l’on s’arrête quelques minutes.

Toujours impossible d’aller porter de quoi manger aux camarades qui sont dans les tranchées, sauf la nuit, car dès que paraît un seul homme hors du bois immédiatement le canon frappe. Aussi nous ravitaillons la nuit en prenant toutes sortes de précautions.

En sommes nous ne sommes pas dans les tranchées comme les camarades, mais nous courons presque les mêmes risques à cause des marmites et en plus nous sommes très ennuyés pour le ravitaillement.

D’autre part rien n’est aussi déprimant que de se sentir presque seuls à nous 16 alors que nous sommes d’habitude 250 dans le camp. Au moment où j’écris ces lignes je suis en proie à un noir horrible, je suis absolument seul, tous mes hommes sont aux tranchées avancées pour porter la soupe.

9 heures. La compagnie rentre, les hommes couverts de boue, harassés, gelés et affamés. Ils se régalent avec la soupe chaude et le bon feu qu’on a préparés.

19141117-001 Le 42 a attaqué cette nuit

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