L’embarquement à Avignon
C’est bien officiel, cette fois nous partons. À 7 heures du matin nous partons pour Avignon pour être embarqués destination inconnue. Nous traversons 6 kilomètres de faubourg et la ville d’Avignon pour nous rendre à la gare.
Grand-halte au bord du Rhône. Nous emportons 2 jours de vivres de réserve et 1 repas froid. Je fais provision de fruits pour la route.
À 2 h 35 après-midi embarquement dans wagons aménagés avec banquettes pour 40 hommes. Ça manque un peu de confortable, surtout si nous devons passer 48 heures enfermés là-dedans.
Naturellement l’embarquement des hommes, chevaux, voitures, matériel, ne ressemble en rien aux exercices d’embarquement que nous faisions en temps de paix, car toute cette fameuse théorie est inutile, puisque nous faisions l’exercice avec des wagons spéciaux, tandis que nous avons des wagons à bestiaux aménagés.
Aussi c’est la belle salade, on s’entasse au petit bonheur après que les gradés se soient donné beaucoup de mal pour que tout se passe selon les règlements.
Coup de clairon ! On part ! Il est 2 h 35 après midi. Tout le monde chante, on est plein d’enthousiasme et l’on peut dire que l’on va au feu le cœur content.
À chaque arrêt du train nous sommes comblés de cigarettes, cigares, café, vin, etc… par les dames de la Croix Rouge qui font la navette d’un wagon à l’autre. Pendant le parcours on nous distribue le courrier.
Nous arrivons dans la nuit à Lyon où nous allons chercher du café préparé par des zouaves à la gare même.