On a échappé à la mort
Jusqu’au 9 à 4 heures du matin nous tenons la même position, toujours sur le qui-vive nuit et jour ; ne dormant que par intermittence d’un sommeil léger d’un quart d’heure ou d’une demi-heure.
Nous serions bien ravitaillés, mais même la nuit les balles et la mitraille tombent, et il est difficile de pouvoir aller chercher les vivres jusqu’au point d’arrivée des convois. Aussi, depuis le 3 à midi nous n’avons rien pris de chaud, mangeant sans appétit le pain maculé de boue, la viande cuite et les pommes de terre bouillies que nous recevons. Il fait excessivement froid et les nuits passées à la belle étoile sans dormir nous ont fatigués.
Enfin nous tenons tant bien que mal debout et le 9 au matin nous sommes relevés par le 46e. Nous rentrons à Aubréville non seulement éreintés, mais avec des coliques pour la plupart et l’estomac à l’envers, sans compter les rhumes.
Je cherche à rattraper sommeil et forces perdus. Maintenant que nous sommes loin du danger la fatigue se sent davantage, et d’autre part on se rend compte que l’on a échappé à la mort qui sait combien de fois. Enfin, me voilà sain et sauf c’est le principal. Ma compagnie a eu 40 hommes hors de combat à peu près.
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