On finit par se dire que la guerre sera longue
Toujours à la même place. Toujours temps couvert. On profite du brouillard pour aller explorer la plaine devant nous et faire une razzia de carottes, navets, choux, ce qui nous permet de faire un repas un peu plus varié. On trouve en route de nos fusils, cartouches, équipements abandonnés lors du combat du 25 sept.
Journée à peu près calme, quelque coups de canon des deux côtés. Par moment on est fatigué de cette vie inactive dans les tranchées où l’on sent davantage le froid à rester à ne rien faire. Et puis l’on pense trop à notre situation, on finit par se dire que la guerre sera longue, en pensant que voilà 25 jours que nous sommes à la même place. Et dire que j’avais espoir de voir la guerre se finir à la fin de ce mois.
Si ça continue comme cela, Charles aura eu raison de dire que nous en avons jusqu’au printemps. Et pourtant chacun de nous donnerait qui sait combien pour voir tout cela se finir.